En campagne envers et contre tous

Revêtant son habit de l’amer mister Mayer, notre honorable commentateur du journal du petit roi Delannoy nous livre son billet du mois de septembre 2019. Toujours parfaitement corrosif, incisif et instructif.

« Vous l’avez senti vous aussi. Ce fumet quelque peu désagréable. Cette odeur dérangeante mais assez indéfinissable. Cette odeur de papier augmentée de l’odeur rance de ceux qui disent pas trop haut ce que tout le monde pense tout bas (du moins c’est ce qu’ils disent). Cette odeur de la France rance qui n’est pas raciste puisqu’elle déjeune au Yaya (c’est grec tout de même) et que son plat préféré est le couscous. Cette France pas raciste pour un sous mais qui peut affirmer « les audoniens d’abord » mélangeant allègrement les notions de citoyenneté et de nationalité. Cette France moisie qui flatte les bas instincts. Et bien cette France-là est de retour dans nos boîtes aux lettres. C’est le grand retour du magazine d’informations de la Ville de Saint Ouen, tagada tsouin tsouin. Ça nous avait presque manqué après cette longue pause estivale. C’est la rentrée ! Youpi revoilà le journal de Willy.

Première surprise, le journal municipal propose un « éditorial », toujours bien senti en règle générale, de notre Maire nouvellement candidat… Et justement c’est cet éditorial et sa présence qui interroge. Outre le fait que ce dernier est toujours écrit dans un style pour le moins laborieux il est étonnant que figure dans le journal un éditorial éminemment politique alors que nous sommes entrés dans la période des 6 mois avant l’élection municipale.

Vous pouvez vérifier, mais dans toutes les villes qui se respectent, les maires font une croix sur leurs éditoriaux durant cette période afin de ne pas être mis en défaut quant à leurs futurs comptes de campagne. C’est que depuis le 1er septembre il est impératif que soient retracées toutes les dépenses de campagne dans le compte de campagne et qu’ il n’est pas possible d’utiliser les moyens de la ville pour faire campagne.

En faisant son éditorial sur le pauvre Maire qu’il est, (son numéro de Caliméro habituel) sur Plaine Commune qui lui pique tout son pouvoir, clairement, Delannoy poursuit sa propagande électorale avec les moyens de la Ville. Je pense que la Commission nationale des comptes de campagne sera ravie d’examiner ce cas.

Dans son édito nous avons droit également au laïus habituel sur le déferlement de haine émanant des réseaux sociaux. On rappellera à notre édile qu’il est comptable de ce déferlement, lui qui n’a ouvert aucun espace de dialogue dans notre ville alors qu’il s’était engagé à concerter et créer des Conseils de quartier. En fermant toutes les portes de la discussion il a ouvert celle des réseaux sociaux qui est aujourd’hui une petite fenêtre permettant aux citoyens de s’informer et de débattre en l’absence de toute autre forme de concertation. L’arroseur se retrouve arrosé comme souvent.

Comme si l’éditorial en pleine campagne électorale ne suffisait pas le Maire s’octroie une interview bien complaisante, lui qui refuse quasiment toutes les interviews dans la presse (les journaliss’ c’est rien que des gauchiss’). Photo à l’appui, parapheur sous les yeux, crayon à la main et téléphone vissé à l’oreille Delannoy veut montrer une image de sérieux lui qui n’hésite pas à inaugurer à tous de bras en bras de chemise hawaïenne.

C’est que l’heure est grave. Le DAL est dans nos rues. Cette association qui créée des pauvres juste pour emmerder les maires de droite. Cette association qui met en danger des enfants en favorisant les squats. Cette association dont les membres sentent un peu des pieds quand même. Bref les gauchistes qui viennent rien qu’à emmerder les honnêtes maires aux idées bien dégagées derrière les oreilles. A tel point que dans cette interview Delannoy réitère que sa priorité se sont les Audoniens et que son boulot ce n’est pas de loger des Colombiens comme il l’a affirmé dans Le Parisien. Il récidive, je cite « Ma priorité, je le répète, ce sont les Audoniens, et il se trouve qu’à ce jour nous avons quelque 4500 demandeurs de logement qui habitent Saint Ouen et souhaitent y rester ».

Encore une fois pour le Maire on ne peut pas être Colombien ET Audonien. Derrière ces phrases répétées ad nauséam on retrouve la rhétorique du FN. « La France aux français » décliné en « Saint Ouen aux Audoniens ». C’est à vomir. C’est le discours de droite bien bas de plafond. Delannoy une fois encore révèle son vrai visage. Celui de la droite bien à droite, la plus droite dans ses bottes et dans ses idées glauques.

Et comme si ça ne suffisait pas le Maire nous gratifie d’une double page sur Mains d’œuvres (oui il nous fait le combo ce mois ci). Encore un repère de gauchiss’ aux cheveux gras et aux dessous de bras qui puent qu’ils ne mettent même pas de déodorants. Une double page pour nous dire en substance que cette association est hors la loi, qu’elle est composée de délinquants et que putain de bordel de merde où s’est t’y qu’on va le mettre notre beau conservatoire de musique classique tout ça tout ça pour qu’on soit une vraie ville de droite digne de ce nom. Merde à la fin.

Sauf que le conservatoire il était au Château et il pourrait y être encore si le Maire n’avait pas décidé de le transformer en musée où personne ne foutra jamais les pieds. Sauf que s’agissant du futur conservatoire on ne nous dit pas combien de postes de profs seront créés alors même qu’on nous rabâche que la dette est quasiment insoutenable. Sauf qu’en fait personne n’est dupe sur le fait que le transfert du conservatoire sert la cause du Maire à savoir le départ de Mains d’œuvres qui n’a jamais été dans les petits papiers de Delannoy. A tel point d’ailleurs que l’article indique : « Mains d’œuvres a été déboutée et condamnée à quitter les lieux, ce que l’association n’a toujours pas fait à l’heure actuelle. Il semblerait qu’elle attende d’en être contrainte par l’intervention de la force publique, en application du jugement, pour faire passer la Ville et le maire pour des ennemis de la culture ».

Mais oui, je confirme que cette majorité est l’ennemi d’une certaine culture. Celle qui vire Mains d’œuvres, celle qui réduit à peau de chagrin la subvention à l’Espace 1789, celle qui supprime le festival de jazz des Puces par exemple.

Et comme si ça ne suffisait pas l’article se termine par une ignominie. Je cite le Maire qui est une nouvelle fois interviewé dans le journal (compte de campagne tout ça tout ça) : « Ce même bâtiment, pendant ce temps, pèse sur le budget de la Ville, et donc sur les impôts des Audoniens, qui sont en même temps chaleureusement invités par Mains d’œuvres à venir leur payer des activités et à leur louer des espaces municipaux. C’est la double peine pour les habitants et, le comble, c’est que Mains d’œuvres continue à jouer les victimes ; elle se paye même le culot de réclamer le soutien de la population qui n’était pourtant pas son public de référence avant 2015. C’est aussi oublier un peu vite les plaintes régulières des riverains excédés par le bruit généré par les soirées Mains d’œuvres. Avec le futur conservatoire, le quartier retrouvera toute sa quiétude.»

Je me rappelle de l’inénarrable Jean Fouquart Conseiller délégué au logement qui qualifiait le public de Mains d’œuvres comme étant composé de Parisiens venant pisser dans nos rues (en Fouquart dans le texte)… Avec Delannoy on reste donc dans le même registre : celui du caniveau. Monter les Audoniens entre eux voilà à quoi en est réduit notre Maire. Comme il l’a fait entre Tipi et Guinot… A chaque fois la méthode est la même. Au lieu de rassembler il divise.

Bon sinon je passe sur l’autosatisfaction sur les travaux dans les écoles… La ville entretient son patrimoine, quoi de plus normal. Sur les trucs tout bien pour les enfants (avec les menus de la cantine tout ça que ça va être hyper bon les nuggets de poulet) et les trucs hyper géniaux en direction des personnes âgées qu’elles ont même pris un petit train pour visiter La Ferté Bernard que c’était vachement bien (en plus il a fait beau du coup c’était encore mieux).

Je passe sur les deux pages de photos où on voit nos élus s’égailler dans leurs activités d’élus qu’elles leur vont vachement bien leurs écharpes tricolores (z’ont de l’allure quand même).

Et en fait à même pas la moitié du journal on arrive déjà au jeu des 7 différences (particulièrement réussi cette semaine avec des tranches de concombre en forme de visage, on souligne d’ailleurs assez rarement la créativité du service com’ de la ville).

Mais finalement on omettrait presque de parler des deux nouvelles publicités pour deux nouveaux immeubles façon Willy Disney Levallois. C’est que notre journal municipal est devenu au fil du temps un vrai journal d’annonces immobilières. Le premier l’immeuble EMERIGE pour lequel une consultation (obligatoire) avait été diligentée et pour laquelle je vous laisse prendre connaissance des réponses de la mairie aux observations des habitants : http://www.saint-ouen.fr/fileadmin/user_upload/fichiers/PDF/Actualites/PVE_synthese_observations.pdf (en gros je vous résume c’est vous n’êtes pas d’accord ? Ben on s’en balec’ – oui ils parlent comme ça au Cabinet du Maire – On s’en balec’ et on construit quand même bande de gauchiss).

Et puis une autre publicité pour le si mal nommé Village des Rosiers, un monstre de béton de plus de 500 logements, 20 000 mètres carré de commerces et 650 places de parkings[1] le tout en bordure de périph’ dans un des coins les plus congestionné de notre ville.

Mais de toute façon on s’en fout puisque les publicités pour ces deux immeubles vantent aux investisseurs une qualité de vie exceptionnelle et un cadre tendance, créatif, chic (je n’invente rien).

En fait le journal est à l’image de la ville que souhaite notre premier magistrat. Une ville sans étrangers (l’épisode des colombiens qui ne seraient pas des audoniens comme les autres), une ville ordonnée autour d’une culture officielle, une ville avec des immeubles de mauvais gout comme à Levallois. Une ville sans aspérité. Une ville de droite. Une ville bien propre sur elle. Une ville sans vie. Une ville de papier glacé.

En fait monsieur le Maire n’a rien compris à cette ville. Comment le pourrait-il ? Il ne l’aime pas. Il ne la vit pas. Il n’aime pas ses habitants. Il n’aime pas son histoire et ce qui en a fait une ville différente. Presque six ans dans le fauteuil de Maire et il est toujours un opposant. C’est navrant. »

[1] Un gros village très « automobiles » avec un programme confié aux opérateurs habituels dont le célèbre cabinet d’architecture de Levallois DGM & Associés.

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6 réflexions sur « En campagne envers et contre tous »

  1. Très corrosif effectivement. Il sera intéressant de voir si la même corrosion s’appliquera à la gauche si celle-ci reprend la Mairie. En attendant l’auteur semble anonyme, une belle preuve de courage.

  2. prochain conseil municipal lundi. Au programme mais pas à l ordre du jour, une surprise.
    pour le reste à surveiller le projet sportif Biron face à la parcelle Fenwick en phase finale de démolition totale du bâti, et une nouvelle importante opération immobilière au 6 rue des Rosiers.
    A signaler, ce jeudi après midi, MO au tribunal à Bobigny…

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