Que les tocards des années 70 ne confondent pas avec leur mob(ylette) ou leurs hôtels 2 étoiles avec télé et bidoche au programme. Un hôtel original, le « MOB »[1], s’installe à Saint-Ouen dans la modeste rue Gambetta notamment pour la clientèle des Puces (et d’ailleurs) en révolutionnant les codes hôteliers établis.
Un pari ambitieux de l’autre côté du périf. porté par Cyril Aouizerate[2] personnalité atypique aussi éloigné de la grisaille communiste locale d’antan que des néo conservateurs installés depuis peu en Mairie. Un look improbable, docteur en philosophie, fils de coco mais surtout entrepreneur créatif. Après la chaîne internationale d’hôtels « Mama Shelter » cofondée avec Serge Trigano et Philippe Starck[3] il poursuit ses aventures avec un nouveau concept à Saint-Ouen. Celui-ci devrait être dupliqué de Lyon Confluence à Los Angeles en passant par Bordeaux.
Première touche de bon goût : déshabiller un ancien bâtiment de bureaux du 4 rue Gambetta grossièrement revêtu de pierres agrafées, pour revenir à la vraie brique[4], un matériau emblématique de notre ville, dialoguant avec les maisons et immeubles voisins de cette petite rue dont l’urbanisation a débuté autour de 1860.
Deuxième caractéristique : ne pas bétonner les Puces en s’inscrivant dans de l’existant, en périphérie immédiate des marchés avec un projet hôtelier (92 chambres)[5]confortant l’attractivité touristique sans privilégier la voiture[6]. Avec une offre hôtelière originale : « esprit zen », « boutique concept », « épicerie bio », « pop up stores [7]», « wi-fi de compétition », « espace » de co-working »[8], chambres « sans télé, mais literie digne d’un palace ». On en passe.
Enfin, un bar-restaurant avec terrasse (100 et 120 places) donnant sur une grande cour dotée d’un écran géant pour séance de cinéma ; le tout ouvert au public. En prime une volonté d’en faire un lieu de rencontre et d’échanges avec les voisins et riverains qui pourront cultiver un potager sur le toit (!) Sans compter une boutique avec une fonction encore à définir[9] en face à l’angle Gambetta – 54 rue des Rosiers.[10]
N’en jetez plus !
Les premiers visiteurs, dont nous étions, ont été un peu bluffés et n’ont pas boudé leur plaisir de découvrir ce lieu si particulier, tout à fait « branché », pas fermé et très décontracté avec un accueil chaleureux.
Bref, ce n’est pas tous les jours, une bonne nouvelle pour la ville et les Puces.
Eric PEREIRA-SILVA
[1] MOB étant l’acronyme de Maïmonide of Brooklyn une appellation faisant référence notamment, , comme l’indique le Parisien, au « philosophe du moyen âge prônant une alimentation saine » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Moïse_Maïmonide ). Mais, in english (cf. le Collins), mob c’est aussi la « foule » voire la « pègre » en passant par « populace » !
Portrait de Cyril Aouizerate dans l’Obs en 2014 : http://o.nouvelobs.com/pop-life/20140326.OBS1241/cyril-aouizerate-le-business-philosophe.html
[3] Trigano et Starck, respectivement ex patron du Club Med, fils de son père (l’homme des tentes de camping !) et le célèbre designer (qui a notamment looké le restaurant « Ma Cocotte » aux Puces.
Ce bâtiment , qui a accueilli jadis l’école d’ingénieur Sup Méca (aujourd’hui au Vieux St-Ouen), a vu sa façade en briques singulièrement impactée par l’accrochage d’un placage pierre il y a quelques années (cf. photos ci-dessus). Le parti pris a donc été de s’affranchir des ouvertures existantes mais d’accoler une nouvelle épaisseur de briques pleines
[5] de 13 à 38 m2 et un premier prix à 89 €
[6] On imagine sans peine qu’on ne verra pas débarquer ici des hordes de touristes déversées par cars entiers rue des Rosiers.
[7] Locaux éphémères (de 7 m2) pour de jeunes créateurs
[8] Coworking ou espaces collaboratifs dans lesquels consultants, startupers, travailleurs indépendants ou nomades, développe en autonomie leurs projets, avec la possibilité de créer des partenariats avec d’autres coworkers.
Une boutique laissée vacante par un restaurateur de tableaux et reprise par le mob on parle d’un show-room, de vente d’objets chinés aux Puces d’espace de réunion…
A l’angle Rosiers Gambetta, en continuité avec le MOB, le terrain en friche (servant de vaguement de parking avec une palissade ondulante et vieillissante, n’a semble-t-il pas pu être acquis pour l’hôtel. Une “verrue” peu valorisante pour les riverains et l’hôtel. Consolation ? La ville l’a récemment mis en “réserve foncière pour espace vert” au Plan Local d’Urbanisme (PLU).
L’endroit est très sympa. La carte mérite d’être néanmoins étoffée.. (peu de jus de fruits notamment).
Si on peut éviter le mot “verrue” pour désigner un endroit non-batis ce serait bien.
La Ville étant souvent considérée comme un “corps vivant” on utilise de temps à autre des termes empruntés au vocabulaire médical : “dents creuses”, “curetage” ou complété par urbain(e): “congestion”, “asphyxie”,”fracture”,”verrue” et bien d’autres tant les “pathologies” urbaines sont nombreuses.
Ce sont d’ailleurs des termes, pas toujours très élégants mais parlants, employés couramment par les techniciens, élus, associatifs et simples citoyens.
EPS
Tiens, c’est amusant dans l’article du Parisien du 7 février de votre lien on voit Karim Bouamrane devant le Préfet et le Maire et avec M. Aouizerate, le Ministre du Tourisme, le Président du Conseil Départemental et le Député. Que faisait-il là ? C’est un peu l’intrus avec son air grave et préoccupé sur les évolutions hôtelières de Saint-Ouen. Ça m’a intrigué.
En fait je me suis renseignée auprès d’une amie dans la rue: il a réuni plusieurs fois au local du Parti socialiste quelques riverains du chantier gênés par les nuisances liées aux travaux et inquiets sur la suite ; ( genre : le cinéma en plein air, la circulation, la musique etc
Il est donc intervenu auprès de M. Aouizirate et du coup : sourdine sur les travaux et promis (les hôteliers n’y avaient pas pensé) le projet a intégré que les gens venant à l’hôtel souhaitaient dormir !
En tout cas des personnes âgées pensent que son intervention a été très utile.
Il est fort, le gars quand même.
et pour les scooteurs le long du trottoir!?
Si vous voulez venir en autocar, bientôt un espace réservé…