Un socialiste ambitieux !

La chance sourit paraît-il aux audacieux ! Ça tombe bien Le maire de St-Ouen, Karim Bouamrane, ne manque pas d’imagination pour sa carrière et son destin.

Après une intense campagne de communication lancée de longue date sur sa stature internationale (!) et nationale[1], il nous a fait la grande frayeur dans le marasme politique actuel :  nous abandonner pour devenir 1^er Ministre ou, au pire, simple Ministre[2]. Il devra donc se contenter de créer… un nouveau courant au sein du Parti Socialiste.

Chacun le comprendra aisément : si ses phrases creuses[3] sont souvent au rendez-vous, l’humilité et la modestie ne font pas partie de ses défauts. Son style biznessman décomplexé et grandiloquent ne l’empêche pas d’être, en réalité, un autocrate accompli. Il ne se prive pas bien entendu de poursuivre les opérations de ses prédécesseurs en s’en attribuant la pleine paternité.

Après beaucoup d’efforts et de moyens, le voilà donc candidat pour devenir une des nouvelles têtes de gondoles socialistes » notamment grâce à des médias amis très complaisants et d’autres, jusqu’ici, pas trop curieux[4]. Ainsi, il y a peu, hasard du calendrier, après très long article dans Libération, France 2, nous a offert un portrait dithyrambique d’un maire magicien qui, en 4 ans, aurait quasiment plus changé la ville que ses prédécesseurs dans les quarante années précédentes. On se pince pour y croire !

Hélas, le maire de Saint-Ouen est peut-être lui-même son meilleur ennemi. A trop vouloir prendre la lumière il pourrait en effet se retrouver dans la position de l’arroseur arrosé !

Parmi les sujets qui fâchent à Saint-Ouen on notera (liste non exhaustive) :  la très lente opération de « Rénovation Urbaine » (ANRU, cité Cordon quartier du Vieux St-Ouen), la persistance du trafic de drogue, les deux tours fantômes des « Boute-en-train » au cœur des Puces, la chimère d’un nouveau conservatoire, l’invention d’un projet de prolongement de la ligne 4 du métro desservant St-Ouen, le devenir de l’ex-patinoire…

Et aussi « en fond d’écran » pour la manifestation du 3 septembre 2024, puisque nous serons au stade Bauer (en cours de reconstruction car vendu au Promoteur Réalités) et de notre mythique Red Star (vendu à l’américain 777).

Deux dossiers délicats concernant le Groupe nantais « Réalités » puisque ce dernier connaît de grosses difficultés financières, abondamment commentées dans la presse économique : « Le promoteur immobilier nantais Réalités a dû se séparer de 150 collaborateurs, c’est ce qu’annonce le PDH du groupe, ce jeudi 4 avril 2024 dans les colonnes de notre confrère API. La faute à la crise, explique Yoan Choin-Joubert», Le groupe Réalités, basé à Nantes, tente de résister dans la tempête de la crise immobilière », Le groupe nantis Réalités au bord du précipice » etc…

Au 1/10/2024 on apprenait que Le groupe a engagé une procédure de conciliation auprès du tribunal de commerce de Nantes pour restructurer son endettement. Rien n’est donc perdu mais on peut raisonnablement penser que les travaux de construction du stade pourraient prendre du retard et que la livraison de la Bauer Box en janvier 2026 soit sensiblement compromise.

TPA : un projet au panier ? Autre dossier concerné par le Groupe Réalités :   la « Tony Parker Academy » (TPA) sur le complexe sportif de l’île des Vannes (propriété de la ville de St-Ouen) et qui pourrait être aussi impacté négativement.

Alors évoqué par la ville en 2023 comme « Un projet d’exception au service du sport et des habitants de la Seine Saint-Denis ». « Ce projet de réaménagement porté par REALITES va permettre la dynamisation de l’Île des Vannes grâce à la construction d’un établissement offrant aux jeunes la possibilité de combiner la pratique intensive d’une activité sportive et/ou culturelle tout en suivant un cursus académique ». 

« Le site deviendra aussi un lieu de promenade et de loisirs avec l’aménagement d’un parc urbain et paysager, la rénovation de la Grande Nef, symbole emblématique de l’Île des Vannes grâce à son architecture remarquable, et de la piste d’athlétisme, et la construction d’une nouvelle passerelle d’accès à l’île »

Tout ceci pourrait donc un peu tomber à l’eau vu les déboires de « Réalités ».

Au-delà des recompositions au sein de la Gauche et du PS en particulier, on attend donc des explications, de la transparence et des perspectives sur ces dossiers

Eric PEREIRA-SILVA

[1]  Il a évidemment beaucoup surfé dans les médias sur les  J.O.  et le Village  Olympique « à St-Ouen » en oubliant un peu « Paris » ou à « St-Denis » et « à l’île St-Denis ». Et surtout, en réécrivant un peu l’Histoire.

[2] Pour mémoire maire de St-Ouen (53 000 habitants) depuis 2020, il est aussi depuis vice-Président de Plaine Commune et Vice-Président à la culture du Département. Il peine toutefois à s’en cacher, son objectif, comme il l’a confié à quelques proches, reste en réalité de devenir… « Président de la République » (sic ! )

[3] Formules creuses encore répétées à l’envi : « une autre voie, celle du progrès partagé », « quelque soient nos orientations culturelles, cultuelles ou nos origines sociales » entre autres.

[4] Conseiller municipal puis adjoint PCF (1995-2014), il sera « exfiltré » par le député PS Bruno Le Roux pour rejoindre le Parti Socialiste. Les journalistes d’ailleurs seraient bien inspirés de se pencher un peu sur son entourage et sa gouvernance municipale disons assez « atypique ».