Trains métro & Co.
Notre 1er magistrat, désormais fringuant quinquagénaire, entretien avec soin son propre culte de la personnalité[1]. Dans le contexte politique actuel très délétère, notre caméléon[2] politique poursuit sa course aux postes de responsabilités et donc à la notoriété. Non sans un certain succès, ne s’encombrant ni de modestie, ni d’humilité.
Maire de St-Ouen, conseiller territorial de Plaine Commune, Vice-Président du département à la Culture[3]… Il est depuis peu Président du « conseil de surveillance »[4] de la Société du Grand Paris (SGP)[5] ! Une nomination qui ne fait pas la une des journaux mais peut-être significative par les temps qui courent[6].
D’autant que la SGP devrait achever la construction du « super métro » mais aussi hériter du chantier des futurs RER des grandes métropoles annoncé en novembre dernier par E. Macron. Gageons, que notre maire trouvera un peu de temps dans son agenda pour « surveiller » de près la mise en route du dossier dans une dizaine de grandes villes en France de Lille à Marseille en passant par Bordeaux et Lyon[7]. Bientôt « sous-secrétaire d’Etat » aux transports (pour décharger le ministre Clément Beaune ?) [8]
Qu’il nous garde toutefois un œil vigilant sur la mise sur orbite des navettes fluviales sur la Seine afin d’accéder, si on a bien compris, à la Défense en une ½ heure depuis St-Ouen[9] comme il l’a évoqué avec son enthousiasme communicatif lors de réunions publiques récentes. Avec bien sûr une phase d’« expérimentation » à l’occasion des J.O. Pour l’heure, il semble qu’en dehors de touristes (pas trop pressés), les trajets domicile-travail seront plus rapides en vélos ou en métro. Mais n’en doutons pas notre champion des mobilités nous en dira bientôt plus.
Enfin, autre sujet local et d’une toute autre ampleur : la desserte des Puces, pôle touristique majeur en Ile de France. Un quartier dont l’activité commerciale est structurée autour de deux axes majeurs la rue des Rosiers (voie communale) [10] et l’avenue Michelet (voie Départementale) toutes deux déjà saturées et qui le seront complètement avec la livraison progressive des centaines de logements (et voitures !) de la méga opération « Village des Rosiers ». Nos bons camarades socialistes, aujourd’hui élus, mais complètement absents pendant 6 ans (2014-2020) étaient alors trop préoccupés par la conquête du pouvoir local : ils n’ont donc rien fait ni rien vu venir. [11]
Toujours très créatifs Karim Bouamrane (sourire jusqu’aux oreilles, moulinets avec les bras et formules creuses) ou Adel Ziane, son fidèle bras droit (ton professoral et calme de sénateur) nous expliquent avoir trouvé la solution magique : obtenir le prolongement de la ligne 4 de la Porte de Clignancourt à Pleyel (à laquelle ils ne croient pas un instant mais qui a l’apparence de la « simplicité et du bon sens » pour le grand public alors que tout est « plié » depuis des années.
Personne n’avait attendu nos deux héros pour avoir cette idée lumineuse. Il y a au moins 25 à 30 ans les militants du PCF, notamment du quartier Debain, faisaient signer des pétitions, avec l’appui de la municipalité socialo-communiste d’alors. Depuis, hélas, « la messe est dite ! ». Au-delà des contraintes techniques majeures,[12] les arbitrages finaux ont été rendus depuis plus d’une décennie sur l’île de France en privilégiant les liaisons entre banlieues en rocades au détriment des radiales : c’est le schéma du super métro régional dénommé « Grand Paris Express » 200 kms, 68 gares, 1 rame toutes les 2 ou 3 mn dont la réalisation a été confiée à la SGP : « le truc » sous contrôle d’un « Conseil de surveillance » présidé désormais par un certain…Karim Bouamrane.
Comment ce dernier et Adel Ziane peuvent-ils dire en réunion publique qu’il se « battent » pour se prolongement ! Contre qui, où, quand, comment ? En un mot de la démagogie voire de la manipulation pas très glorieuse. On attend avec impatience qu’ils nous expliquent tout ça en présence la Présidente d’ile de France Mobilités et Présidente de la Région, Valérie Pécresse. Chiche ?
Pour l’heure que le Président du « Conseil de surveillance » en bon chef de gare s’assure que les trains arrivent à l’heure et notamment ceux des ligne 15 Ouest (St-Denis- La Défense) et 15 Est (St-Denis Pleyel – Champigny centre) dont les livraisons sont décalées « après 2030 ».
On rappellera au passage que St-Ouen n’a pas été oublié puisque c’est l’opération des Docks, initiée par l’équipe municipale 2001-2008, qui a permis d’obtenir le tracé actuel de la ligne 14. Le conseiller délégué aux sports de l’époque s’en rappelle certainement.
Pour revenir à notre sujet Michelet (RD 14) dont le réaménagement est encore dans les cartons et la gestion toujours aussi problématique et insécure, plutôt que de bercer d’illusion les uns et les autres avec une ligne de métro relevant, au mieux, du fantasme, soyons simples et pragmatiques.
Militons déjà à court terme pour un réaménagement crédible de l’avenue Michelet avec un bus (en site propre) à haut niveau de service[13]. Ce qui nécessitera déjà des décisions courageuses concernant le la gestion du déballages des commerçants ou des stationnements des véhicules. Sans compter le strict respect des emplacements, des jours de déballage sur le domaine public (uniquement le samedi, dimanche et lundi !). Déjà un gros dossier et sans oublier le nouveau carrefour à aménager pour gérer les flux de véhicules qui proviendront du mal nommé « Village des Rosiers ».
Eric PEREIRA-SILVA
[1] Le maire cool et branché qui remercie ses fans qui lui donne de la force pour ces 50 ans son anniversaire sur facebook https://www.facebook.com/search/top?q=karim%20bouamrane%2050%20ans
Et toujours sur facebook : un communiqué, pour le moins ambigu, indiquant que c’est Karim Bouamrane qui recevra le 3ème prix d’urbanisme de Harvard pour le réseau de métro du Grand Paris Express ! Une petite escapade à la Villa Albertine de New-York….
[2] Karim Bouamrane ex PCF, PS « discret » (et qui sait : macron-compatible ?) qui entame son 4ème mandat local
[3] Un vice-président à la « Culture » qui a laissé peu de souvenir de fréquentation de l’Espace 1789 (cinéma, théâtre, danse, chanteur, récitals…) quand il habitait à St-Ouen…dans l’immeuble au-dessus de cet équipement culturel majeur. Fort heureusement deux adjointes au maire de St-Ouen auraient semble-t-il, par leurs compétences, obtenu en parallèle de leurs mandats des postes salariés peu ou prou en lien avec la culture au Conseil Départemental (à vérifier évidemment).
[4] Le conseil de surveillance est un organe non-exécutif ayant pour mission de veiller au bon fonctionnement d’une entreprise et d’en rendre compte aux actionnaires. Wikipédia
[5] La Société du Grand Paris est le maître d’ouvrage du Grand Paris Express, dont les quatre nouvelles lignes (15, 16, 17 et 18) et le prolongement de la ligne 14 Sud (avec une maîtrise d’ouvrage transférée à titre provisoire à la RATP) vont doubler l’actuel réseau de métro en Île-de-France. https://www.societedugrandparis.fr/
[6] Ces prédécesseurs étaient Olivier Klein (maire de Clichy-sous-Bois (ex PCF, ex PS, aujourd’hui ministre de la Ville et du Logement d’E. Macron) et Patrick Braouezec (ex PCF et ex député et maire de St-Denis, président de Plaine Commune) Président du Conseil de surveillance : Une bonne manière pour St-Ouen, ville particulièrement concernée par le métro du Grand Paris (prolongation de la 14 à Pleyel) et/ou un signal politique à K. Bouamrane ?
[7] https://www.tf1info.fr/transports/rer-train-dans-les-metropoles-francaises-voulu-par-macron-quelles-villes-grenoble-bordeaux-lille-ou-lyon-strasbourg-metz-rouen-nantes-pourraient-etre-concernees-2240051.html
[8] Clément Beaune ministre délégué déjà en charge de la Transition écologique
[9] De St-Ouen à la Défense, sans doute
[10] Une ancienne voie départementale rétrocédée à la ville après un réaménagement et une remise à niveau complète.
[11] Ils se contentent aujourd’hui comme pour la ZAC des Docks d’affirmer qu’ils font le maximum pour gérer les (mauvais) « coups partis » des anciennes mandatures. Ils masquent néanmoins que la moitié des dossiers dont ils se gargarisent ont été initiés ou lancés par les équipes municipales précédentes.
[12] Après différents projets depuis 1990 (Orbitale, Métrophérique, Arc Express…), inscrit dans le cadre du Grand Paris, Grand Paris Express est issu de l’accord intervenu le 26 janvier 2011 entre le Conseil régional d’Île-de-France et l’État, à la suite des débats publics portant sur leurs deux projets de métro en rocade, le Réseau de transport public du Grand Paris et Arc Express6,7. Cet accord a été amendé en mars 2013 par le gouvernement Ayrault pour aboutir au projet actuel. L’achèvement des lignes est prévu en 2030 sauf pour les lignes 15 Est et Ouest !
Sauf si « nos » élus peuvent nous contredire : sur le plan technique les « ateliers-garages » du terminus porte de Clignancourt mais sur St-Ouen (entre Michelet et Bauer) devraient être déplacés au moins à… Stains ou plus loin. Ceci conduisant à faire circuler des trains vides en permanence ce qui n’est pas vraiment la vocation principale de la Ratp (qui préfère transporter des voyageurs !). Enfin, l’avenue Michelet est finalement peu densément peuplée (sauf dans sa partie cimetière parisien !). En tout état de cause : tout cela a été tranché après de multiples concertations dans le cadre de la réalisation du Grand Paris Express (qui a opté notamment pour la desserte des Docks. Dès lors pour 20 à 30 ans la messe est dite ! Messieurs Bouamrane et Ziane ne peuvent donc l’ignorer.
[13] Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) : une ligne de bus bénéficiant de technologies développées initialement pour les réseaux ferrés (tramways notamment), par exemple une circulation sur site propre, un cadencement plutôt que des horaires fixes, une alimentation électrique par câbles, ou encore des véhicules plus longs, dont les parties sont séparées par des soufflets. Le but des BHNS est donc d’obtenir un degré de fiabilité élevé dans les cadences et les horaires (comme un tramway ou un métro) mais à un coût d’exploitation très inférieur.
En France, il apparaît avec le TEOR à Rouen en 2001 puis le Busway à Nantes en 2006 (ibid.). On le retrouve dans une quarantaine de villes en France (voir la liste dans Wikipédia).
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