Incertitudes et inquiétudes pour la suite…
La rénovation du stade Bauer a longtemps été un serpent de mer. Du fiasco de la fin des années 1990 au projet en 2013 du maire J. Rouillon en limite de Clichy (côté Seine), les épisodes de la saga ont été nombreux. Sans parler des déboires judiciaires, des sauveurs auto-proclamés, des financements hypothétiques, de l’exil à Marville (St-Denis) ou de la relégation… Au bout de la route, malgré la remontée sportive, un réel financement public est apparu fortement improbable et irréaliste.
C’est dans ce contexte (résumé à grands traits) que W. Delannoy (ancien maire), s’est saisi de l’opportunité du concours « Réinventons la Métropole » porté par la Métropole du Grand Paris. Celle-ci facilitant et encadrant le « déblocage » d’opérations « plantées » ou de sites cherchant une nouvelle destinée. Le tout basé sur un partenariat public-privé.
Ainsi, la collectivité loue ou vend le site, le groupement promoteur-architecte monte et finance l’opération sous le contrôle de ladite collectivité. Dans notre cas d’espèce c’est la vente du site qui a été retenue par l’ancienne équipe municipale et le groupement Réalités associé au cabinet d’architectes SCAU qui a été lauréat du concours par le jury de la Métropole (dont W. Delannoy). Ce dernier, pour des raisons difficiles à expliquer a ensuite souhaité désigner un autre groupement[1].
La nouvelle équipe élue en 2020, s’est donc inscrite logiquement dans la continuité tout en reprenant le projet et l’équipe désignée par le concours. Une sorte d’évidence pour avancer sur ce dossier emblématique. La vente du site a été conclue le 18 mai 2021 pour un montant versé à la ville de 26,7 M€ (en 3 versements contractuels)[2]. Les travaux sont en cours avec l’objectif d’une livraison en 2024-2025.
L’argent ne tombant pas du ciel : c’est l’opération commerciale et de bureaux occupant l’ancien parvis[3] qui finance la reconstruction du stade. Le promoteur « Réalités » [4]est également investisseur et se rémunère sur la gestion de l’ensemble. Cerise sur le gâteau, il a également pris une participation financière (17%) dans le club.[5] Et, même ensuite été candidat à la reprise.
Une opération rondement orchestrée par le maire Karim Bouamrane (ancien élu aux Sports) à grands renforts de communication, de conseil municipal prétendu « extraordinaire » et d’une pseudo concertation sur le projet[6].
Pour mémoire, dans Le Parisien du 24 septembre 2021 titrait « La possible vente du Red Star met le feu aux poudres entre le maire de Saint-Ouen et le Président du Club. Karim Bouamrane, le maire (PS) dit avoir été informé de la mise en vente du Red Star et craint une transaction avec « un partenaire financier qui ne soit pas en phase avec les valeurs de la ville ». Actionnaire minoritaire, le promoteur Réalités se pose en candidat, avec une proposition à 7 millions d’euros. Patrice Haddad, nie, lui, toute velléité de vente.
Le Parisien du 25 septembre dernier titrait : « L’hypothèse de la vente du Red Star fait monter la tension avec la ville » et nous apprenait que « Le maire (PS), qui a fustigé la gestion du club de football, estime avoir son mot à dire sur le choix d’un potentiel repreneur. Quant au président (ndlr P. Haddad), il a simplement nié toute volonté de vendre. »
Coup de théâtre 7 mois plus tard ! Les Echos du 12 mai l’indiquent : « Ce 11 mai, le Red Star Football Club de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) a annoncé la vente de 100 % des parts du club au fonds d’investissement américain 777 Partners L’opération s’est faite relativement rapidement, le président du club de football Patrice Haddad ayant déjà annoncé le 7 avril dernier être entré en négociations exclusives avec l’investisseur, qui contrôle déjà les équipes du Standard de Liège (Belgique), du Genoa (Italie) et de Vasco de Gama (Brésil), en plus de détenir « une participation importante » dans le Séville FC. En dehors du sport, 777 Partners détient également des actions dans les assurances, l’aéronautique et le divertissement…
La transaction serait « autour de 15 millions soit environ la somme dépensée par Patrice Haddad depuis son arrivée – il a injecté 1M€ chaque année »
Le Parisien du 7 avril dernier évoquait déjà : « Désormais il (K. Bouamrane) voit plutôt d’un bon œil l’engagement de 777 Partners et son patron Josh Wander » et déclare « Voir une personnalité aussi reconnue dans le milieu du football s’engager au Red Star, un club de National, cela témoigne de l’attractivité et de la dynamique de notre ville, du club et du stade Bauer. Ce n’est pas neutre »
En un mot rester p-o-s-i-t-i-f dans l’adversité… et cultiver la langue de bois quand ça chauffe !
Les supporters, qui ont beaucoup bataillé contre le « naming » (nom d’une marque associée à celui du stade) ont obtenu que ceci n’intervienne pas avant… 99 ans ! Ce qui donne le temps de voir.
Ils ont aussi beaucoup œuvré et obtenu une taille plus adaptée de leur tribune (Nord) entre autres. Ils restent par contre beaucoup moins convaincus de conserver les valeurs du club. Pour ne pas dire que les supporters sont carrément hostiles à ce rachat qui place le Red Star sous « pavillon américain » et dans les mains d’un fonds d’investissements.
On rajoutera : sans compter l’acte de vente et la clause interdisant tout changement de destination du site pendant 15 ans, sauf accord du…maire. Pour le cas où le club connaitrait un jour quelques déboires pour rester en ligue 1 voire en ligue 2, les actionnaires pourraient préférer basculer sur une opération immobilière autour d’une pelouse devenue un parc
Pas exactement de la science-fiction puisque c’était envisagé en… 2007 quand le nouveau stade était positionné aux Docks comme s’en souvient peut-être notre maire.
En résumé concernant la nouvelle donne prudence et vigilance.
Eric PEREIRA-SILVA
[1] W. Delannoy optant contre vent et marées pour le 2ème du concours le promoteur Pitch et le cabinet d’architectes Wilmotte et Associés au motif qu’il découvrait (après coup ?) une trop forte densité du projet de stade ! Une histoire à dormir debout pour certains. A noter que Wilmotte était déjà dans le groupement pour la transformation de Cap St-Ouen (rue des Rosiers / rue Paul Bert) en Centre de Desgin. Un projet finalement pas abouti pour cause de désaccord sur le prix du bail.
[2] 26,7 M€ c’est-à-dire de payer largement un groupe scolaire complet (hors subventions)
[3] Le parvis disparaissant au profit du seul trottoir existant, on ne voit toujours pas très bien où seront « stocker » les spectateurs sur le domaine public avant l’ouverture des portes.
[4] Réalités, un bonheur n’arrivant jamais seul ayant parmi ses dirigeants un ancien député… PS (Luc Bellot).
[5] Le hic c’est qu’on retrouve à l’issue d’une procédure expéditive et brumeuse – un pur hasard – le même groupe Réalités. Où ? Dans la troublante opération d’implantation de la Tony Parker Académie à l’Ile des Vannes. Un site qui va bénéficier financements publics dans le cadre des J.O.
[6] Une concertation-questionnaire où les réponses sont dans les questions par exemple en demandant si on préfère comme matériaux le béton ou le bois !
” Le promoteur « Réalités » [4]est également investisseur et se rémunère sur la gestion de l’ensemble. Cerise sur le gâteau, il a également pris une participation financière (17%) dans le club.[5] Et, même ensuite candidat à la reprise. ”
Donc 777 devient propriétaire du club à 83% ?
Non il y a aussi Patrice Haddad Le Président qui était actionnaire et qui reste à son poste pour l’instant.
Donc ça donne quoi en % participation financière pour chacun après rachat par 777 ?
@JYM
Avant le rachat par triple sept : Réalités avec acquis 17% donc Patrice Haddad et Guillaume Rambourg (le 3ème homme) 83%.
A vérifier.
Le prix de vente est selon la presse autour de 19 M€.
Qui est ce Guillaume Rambourg ?
Cela donne 100% pour 777 Partners.