SEMISO : des « Boute » au « Vieux » 

Du relogement à la démolition

 

 

Par l’entremise de Denis Vemclefs, représentant l’« opposition » de Gauche au Conseil municipal et son communiqué sur facebook (ci-après) nous en apprenons un peu plus sur la problématique du relogement pour les « familles populaires » de notre ville. En note de bas de page nos commentaires et compléments.

(…) « Lors du dernier conseil d’administration de la sémiso[1] j’ai interrogé le président et le directeur général [2] sur la situation des deux tours des boute en train. Comme l’avait envisagé la précédente municipalité, les deux tours seront détruites à l’automne prochain…d’ici là les familles restant devront être relogées et la municipalité a obtenu de faire entrer ces dernières dans le cadre des dispositifs liés au NPRU (nouveau plan national de renouvellement urbain).  

Il reste actuellement 50 familles (21 dans la tour 10, 29 dans la tour 12), la ville a relogé sur son contingent 75 familles depuis l’été dernier (ce qui représente un énorme travail et les élu-e-s comme les services doivent être salués) et va mettre à contribution Seine Saint Denis et Plaine commune Habitat ainsi que la préfecture et un autre bailleur afin que chacun contribue à l’effort de relogement sur notre commune.[3]  

Une des difficultés est le relogement des grandes familles (les 6 pièces de grand volume à des tarifs très accessibles ne trouvent pas d’équivalent sur la ville…), et le reste à vivre [4] après loyer est un problème pour certaines familles.

L’enjeu est bien de maintenir pour les familles populaires la possibilité de continuer à vivre en proximité immédiate de la capitale. Aussi la démolition des tours interroge à plus d’un titre. Comme le rappellent les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal qui viennent de remporter le prix Pritzker (équivalent du Nobel pour l’architecture) “Conserver l’existant pour l’améliorer plutôt que démolir et reconstruire c’est faire sans le dire des économies, de l’écologie, du développement durable”. Nous devons à ces deux architectes la transformation reconversion d’une tour (identique à celles des boute) à Porte de Saint-Ouen côté 17ème arrondissement [5]

Un modèle à réfléchir pour les projets Anru à venir comme nous l’avons proposé avec les habitant-e-s du Vieux Saint-Ouen dans un projet alternatif déposé dans le cadre des ateliers de consultations publiques menées en 2018/2019 demeuré lettre morte à ce jour [6]. Si les dispositions de l’Anru pourront s’appliquer pour le relogement des familles des boute, ce ne sera pas le cas des dispositions concernant la reconstruction (1 logement social détruit = 1 logement social reconstruit)[7] et ce seraient donc 200 logements sociaux de moins pour la ville et ce secteur des Puces… 

Le projet transitoire de ferme urbaine (de 2023 à 2027)[8] doit permettre de réfléchir au nouveau projet d’aménagement.  

La question de la place du logement social et donc de possibilité pour les familles populaires de rester à Saint-Ouen sera donc un enjeu fort des années à venir. Après le mandat précédent qui a vu une attaque sans précédent contre le pourcentage de logements sociaux sur notre secteur nous y serons particulièrement attentifs. (…) » 

Denis Vemclefs

***

Nos notes et commentaires et compléments

[1] La Semiso, société d’économie mixte, qui sous la houlette de William Delannoy a absorbé l’OPH(lm) « St-Ouen Habitat ». Une fusion abracadabrantesque sur le plan juridique et financier visant surtout à obtenir une plus grande marge de manoeuvre pour « gérer » les dossiers d’attributions de logements (plus contraintes dans le cadre d’un OPH). Les élus d’opposition avaient d’ailleurs été écartés à l’époque du Conseil d’Administration de ladite société. Une « anomalie » réparée depuis peu.

[2] A noter toutefois que le « nouveau » maire K. Bouamrane a ostensiblement confirmé le Directeur Général de ladite Semiso pourtant impliqué jusqu’au cou dans l’opération de fusion de W. Delannoy coaché par les amis de Levallois avec les conséquences sur les locataires.

[3] Cette opération massive de relogement des locataires des Boute en train, largement engagée par W. Delannoy, bloque ou freine de facto une partie des relogements pour d’autres mal logés dans notre ville.

[4] Le « reste à vivre » c’est tous les revenus – toutes les charges fixes (cf. https://credit-immobilier.ooreka.fr/astuce/voir/745675/reste-a-vivre ) en sachant que les passoires thermiques dans l’ancien par exemple impactent fortement les factures d’électricité (notamment pour le chauffage).

[5] Une opération de réhabilitation en réalité Porte Pouchet sur la tour « Bois le Prêtre » conçue par le cabinet Lacaton-Vassal, de 2007 à 2010, en restant habitée ! Pour mémoire cette tour avait été construite de 1959 à 1962 avec pour architecte Raymond LOPEZ (1904-1966) – le même que celui des deux tours des Boute en train -construites en 1964 (avec une réhabilitation en 1991-1992).

[6] Ce projet dit « alternatif » est resté assez confidentiel (et très incomplet) pour différentes raisons notamment en raison de la parodie de concertation à la fin du mandat de l’équipe de W. Delannoy. Nous avons retrouvé ce document assez mince et pas forcément très convaincant mais qui aurait pu et dû être l’occasion d’un vrai débat d’ «idées » :

Une chose est certaine c’est que l’interrogation sur la nécessaire destruction d’une des tours de Soubise Dhalenne (J2) avec ses grands logements ne fait pas l’unanimité et mérite sans doute un examen et un débat éclairé.

[7] « 1 logement social détruit = 1 logement social reconstruit » cad qu’on proposera un logement en priorité dans le quartier, à St-Ouen ou ailleurs en tenant compte des vœux des locataires et sans dégrader leur « reste à vivre » en se conformant à la charte intercommunale de Plaine Commune votée il y a peu au Conseil municipal de St-Ouen.

[8] « Une ferme urbaine transitoire » (au pied du périphérique !) dès 2023 ? Encore faudrait-il que tout le monde soit relogé à la fin de cette année 2021, trouver les millions d’€ de financement pour une démolition de cette ampleur et compter la durée des travaux (comprendre : études techniques, permis de démolir, passation des marchés, et démolitions). Le tout avec le temps de concertation indispensable des habitants du quartiers et des …commerçants des Puces. Bref, c’est pas gagné ! D’autant que la vraie question sera en réalité : quel projet d’aménagement pour les Puces intégrant (en concertation avec Paris) toute la frange bâtie bordant la rue Jean Henri-Fabre.

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1 réflexion sur « SEMISO : des « Boute » au « Vieux »  »

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