GARIBALDI : un « jardin sur le toit », une « forêt urbaine » rue Farcot et… un hôpital. Le tout se « glissant » entre les rues Louis Blanc , Capitaine Glarner et Farcot. A la clef, la disparition de Bichat et Beaujon et 300 lits d’hospitalisation en moins. Un cabinet prestigieux, Renzo Piano, lauréat du concours d’architecture mais une accessibilité très problématique à cette usine hospitalière avec une congestion prévisible. En attendant un chantier gigantesque pendant plusieurs années. A suivre…
Dominique Garcia du Collectif « Pas ça, pas là, pas comme ça ! » réagit aux propos de Martin Hirsh lors du Conseil municipal dit extraordinaire du 1er mars (convoqué in extremis par le Maire avant la désignation du lauréat du concours d’architecture pour l’Hôpital).
« Attendions-nous beaucoup de ce nouveau conseil municipal extraordinaire sur le projet du Grand hôpital à Saint-Ouen (site PSA)[1]?
Si ce projet est controversé par des collectifs audoniens, des inter-collectifs de soignants et des politiques[2] , l’AP-HP reste sourde aux voeux votés par la mairie de Paris en janvier et le 3 février 2021, aux contre-projets audoniens présentés le 19 janvier 2021, aux remarques des riverains exposés depuis 2018. Nous en avons eu encore une belle démonstration lundi dernier.
Le maire de Saint-Ouen a permis, aux partisans dont ceux de sa majorité et aux opposants, de s’exprimer mais au vu des interventions, il est clair que l’AP-HP est toujours convaincu que son projet est « fluide, adaptable, innovant et évolutif » bref le meilleur et ne souffrirait une quelconque remise en cause.[3]
Les représentants de l’AP-HP : Martin.Hirsch et Jean-Baptiste Hagenmuller, Directeur général et Directeur Délégué (photos,) ont exprimé des éléments , des arguments, et même des raccourcis simplistes pour défendre leur projet auxquels il est urgent de répondre.
D’entrée de jeu, le maître d’ouvrage nous parle « d’un Campus hospitalo-universitaire, projet comparable en taille et en ambition à des hôpitaux existants (hôpital européen Georges Pompidou )». Adieu l’hôpital de proximité !
« Un campus universitaire (12 500 étudiants) en lien direct par la ligne 14 avec son autre implantation universitaire des Grands Moulins à Paris 13ème (27 500 étudiants) ». Vive le dédoublement de la ligne 13 !
« Un campus universitaire qui offrira des parcours universitaires et professionnels aux jeunes de Seine Saint-Denis ». Parce qu’au groupe hospitalier universitaire de Seine Saint Denis (900 étudiants), cela n’est pas le cas !
La surface du site (7,2 ha) est répartie à 40% pour l’université et 60% pour l’hôpital. Si l’université était transférée à proximité (Zac des Docks ?) la hauteur des bâtiments aurait diminué (prévue jusqu’à 30 m soit 8 étages). Au diable l’insertion urbaine !
« Un regroupement de 2 hôpitaux en 1, de 4 universités en 1 pour gagner en synergies ». Projection de l’AP-HP : 16 500 personnes en moyenne par jour sur le site ! Mais cela n’aura pas de conséquences sur le centre-ville de Saint-Ouen !
« 150 lits d’hôtel hospitalier pour augmenter le capacitaire. » Autant d’économie sur le personnel, l’hébergement et bien sûr à la charge en partie de la Sécurité Sociale et du patient puisque géré par le privé. Et des risques pris par les patients sur le non suivi médical après hospitalisation.
Ensuite M.Hirsch nous fait la leçon et on lui répond :
« Certains parlent d’un hôpital trop gros, un mastodonte, d’autres, trop petit et pas assez de lits ! Ce n’est pas une clinique qu’on vous propose c’est un Campus hospitalo-universitaire au milieu de la Seine Saint-Denis !» Merci, nous avions compris mais ce que vous refusez d’entendre, c’est que c’est votre mastondonte qui n’a pas assez de lits puisque nous parlons de 3 sites hospitaliers qui augmenteraient le total de lits !
« On fait en sorte qu’il y ait un hôpital de Paris qui franchisse le périphérique. J’ai entendu la proposition qui est de faire marche arrière en revenant de l’autre côté du périphérique. » Vous vous offusquez que « Saint-Ouen ne serait pas digne d’accueillir des activités d’excellence, des centres de formations… » Mais avons-nous seulement dit cela ! Pure interprétation fantaisiste de votre part !
Quand vous avez retenu 5 sites sur 24 en 2016 pour ce nouveau projet hospitalier : Bichat, Beaujon, Porte Pouchet, St Ouen Ardoin et les Docks, la ville de Saint-Ouen n’était donc pas seule à l’ordre du jour……. Quant à rattraper le retard de la Seine St-Denis dont vous vous targuez, ce n’est pas au milieu de la Seine St-Denis mais aux portes de Paris que sera ce nouvel hôpital…donc presque parisien ! Et d’ailleurs vous dîtes plus tard dans votre intervention que ce qui a été déterminant pour le choix du site PSA, ce sont les transports en commun…
Nous pourrions continuer encore à commenter vos déclarations mais un nouvel évènement qui entérine de plus en plus ce projet est arrivé depuis ce 1er mars : le résultat du concours d’architecture avec son lauréat : Renzo Piano ! [4] pour l’hôpital car pour l’université, il faudra attendre…..
Allez, soyons positifs au pays de oui-oui. Ce merveilleux Hôpital sera un apport d’emplois, d’offre de soins pour tous les riverains et les audoniens et sera même agrémenté d’« une forêt urbaine » (!). Et dès demain, les professionnels de la santé viendront dans les écoles de Saint-Ouen, promotionner les 126 métiers qui s’exerceront dans cet hôpital. Il y aura donc une « génération d’excellence » à Saint-Ouen qui y accèdera. Ouf, c’est du gagnant-gagnant. Enfin, on aimerait y croire… »
Dominique GARCIA
[1] L’AP-HP a racheté le site à PSA 49 millions d’euros, s’y ajoutent 12 millions pour la démolition-dépollution avant le début de la nouvelle pose de la première pierre début 2023
[2] https://richpublisher.endirectv.com/window.php?OPE_ID=3341&TFE_TYPE=DIFF
[3] Collectifs audoniens : « Pas ça, pas là, pas comme ça » « Sauvons le patrimoine architectural audonien » ; inter-collectif des hôpitaux Bichat et Beaujon ;
[4] http://campus-hopital-grandparis-nord.fr/renzo-piano-laureat-hopital-nord/
C’est du Renzo Piano : c’est du « beau » donc c’est bien ?
Libération lundi 8 mars 2021 (par Eric Favereau)
“A Saint-Ouen, un futur hôpital très futaie”
L’architecte Renzo Piano a été chargé vendredi du projet de l’hôpital Grand Paris-Nord, qui remplacera à l’horizon 2028 ceux de Bichat et Beaujon. La philosophie du bâtiment : s’ouvrir à la ville et à la nature.
S’il ne s’agissait d’une des figures majeures de l’architecture mondiale, Renzo Piano, bâtisseur du Centre Pompidou comme du plus récent et monumental palais de justice de Paris, ces propos sur le campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord – plus important chantier hospitalier de ces trente dernières années – pourraient être taxés de naïveté. Piano explique ainsi qu’un hôpital, à l’instar de ce que disaient les Grecs anciens, «c’est le lieu de la beauté, de l’humanité aussi». Puis, il précise : «C’est une réflexion que j’ai eue : il n’y avait pas alors la science, et comme on ne se tournait pas vers la sorcellerie, on s’adressait à la beauté. Aujourd’hui, l’hôpital est certes un lieu de science médicale, et cela nous commande. Mais on a parfois oublié la personne. Quand les Grecs parlent de beauté, ils n’évoquent pas quelque chose de superficiel. C’est la beauté qui soigne.»
Un hôpital «beau», donc. Avec son confrère français Jérôme Brunet, l’architecte italien de 83 ans, aux propos aussi chaleureux qu’avenants, a emporté, vendredi, le concours international (1) pour construire cet établissement. Non loin du périphérique parisien, côté Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), sur le site d’anciennes usines PSA. Renzo Piano, qui a bâti partout dans le monde, est «vraiment content». Le point de départ de cet imposant projet évalué à près d’un milliard d’euros ? Le campus Grand Paris-Nord vise à remplacer deux hôpitaux : Bichat, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, et Beaujon, à Clichy, tous les deux vieillissants et trop lourds à rénover, et voués à fermer. Selon le communiqué de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui a voté à l’unanimité en faveur du dossier vendredi, le nouveau site réunira, «à l’horizon 2028, les activités hospitalières de médecine, chirurgie et obstétrique de ces deux hôpitaux», mais aussi «les activités d’enseignement et de recherche en santé d’Université de Paris, de médecine, d’odontologie et de soins infirmiers actuellement, aujourd’hui répartis sur huit sites».
Le futur ensemble devrait s’étaler sur 145 000 m². Pour quelle capacité d’accueil ? L’affaire n’est pas réglée, alors que le collectif inter-hôpitaux de Bichat redoute que le nouveau site ne compte qu’environ 1 000 lits, soit 300 de moins que l’addition de ceux de Beaujon et Bichat… Si le Premier ministre, Jean Castex, a demandé à l’automne dernier que trois unités supplémentaires soient ajoutées, la jauge définitive n’est pas encore actée.
Usines de Peugeot
Voilà pour la feuille de route. Reste la géographie. Comment bâtir un hôpital dans cet espace urbain exigu de 400 mètres sur 100, encore recouvert des anciennes usines de Peugeot, coincé d’un côté par le chemin de fer et de l’autre par une forte densité urbaine ? «J’y suis allé souvent, raconte Renzo Piano. Tout autour, je me suis promené, j’ai respiré.» D’un coup, l’homme se passionne : «Tout le monde a pris la mauvaise habitude de dire que ces lieux de périphérie sont tristes, ennuyeux. Je n’aime pas entendre cela. Ce n’est pas triste, il y a beaucoup de gens, beaucoup de vie, une énergie unique. C’est toujours dans le périphérique qu’il y a de l’énergie, dans le bien comme dans le mal.» Et encore : «C’est la ville de demain. Il faut urbaniser le périphérique, et faire cet établissement en est le meilleur moyen.»
Certes, mais que construire ? Quel aspect donner à cet hôpital de demain, à l’heure du Covid et d’un regard sociétal devenu sceptique sur le monde froid de la médecine ? Jérôme Brunet, qui a construit beaucoup d’hôpitaux en France dont celui de Marne-la-Vallée, répond sans hésiter. «Le dernier grand établissement construit était l’hôpital Pompidou [XVe arrondissement de Paris, ndlr], dans les années 90. Il était alors pensé comme une ville, avec une longue rue, d’ailleurs à l’intérieur. Une sorte de forteresse, repliée sur elle-même. Aujourd’hui, l’hôpital serait plutôt un bout de la ville, ouvert, transparent, clair. Extraverti, en tout cas.» Sur le site de Saint-Ouen : «Ce que l’on a imaginé, c’est d’essayer sur un espace pourtant étroit de laisser du terrain libre. On a concentré. La ville est dense, avec son passé industriel. On va prendre du terrain, mais on va leur rendre un jardin.»
D’où un bâtiment compact, resserré, mais avec, devant, une impressionnante «forêt urbaine» en pleine terre. Le bâtiment fera 200 mètres sur 100. L’ensemble du toit ne sera qu’un jardin, de la taille de celui du Palais Royal. Destiné au départ au personnel soignant de façon prioritaire, aux patients ainsi qu’à l’université à côté, il pourra s’ouvrir à la ville. Renzo Piano : «Nous aurions pu construire plus haut, mais non, nous ne le voulions pas. Je voulais amener les feuilles des arbres dans le regard des malades, et pour cela, c’est cinq étages, pas plus.» Il s’en explique : «C’est important, le malade doit voir des arbres. La nature, c’est une métaphore de la guérison, les arbres perdent leurs feuilles, puis les retrouvent.»
Sur le toit du futur hôpital, les architectes imaginent un espace vert aussi grand que le jardin du Palais Royal. (RPBW.Artefactory)
Pour lui, «cet aspect naturaliste n’est pas une mode. C’est un besoin, une évidence. Nous n’avons pas pour autant proposé un bâtiment romantique, car c’est aussi une machine à guérir. Le visiteur est là, dans l’anxiété : il faut un côté humain. Cette notion de recueillement, de silence, est essentielle. Comme la lumière, la chose la plus importante dans l’architecture». «Toute la façade est en verre, avec des vitres toutes identiques», précise Jérôme Brunet.
Espaces modulables
Autre revendication, celle d’un lieu «non figé», «adaptable», «modulable». C’est le mot-clé aujourd’hui dans l’architecture hospitalière. Au risque de paraître un peu vide de sens ? «Quand on dit modulable et adaptable, cela ne veut pas dire qu’il y a un bouton sur lequel on appuie, mais entre le point de départ et le point d’arrivée d’un tel projet, il se passe dix ans. Tout bouge, surtout en médecine. On doit écouter le personnel, dessiner au jour le jour», glisse Jérôme Brunet. D’où ces espaces modulables à l’intérieur, ces murs qui peuvent se déplacer.
Le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, ajoute un élément inédit, pas sans rapport avec la pandémie actuelle. «En Israël, ils ont été les premiers à rendre les parkings transformables en lieux d’hospitalisation, en raison des menaces de bombardement. Là, on s’est posé le même défi : pourquoi le parking ne pourrait-il pas être transformé ? C’est donc le cas. On a un sous-sol qui peut faire, si besoin, 150 lits.» «Adaptable ? ironise un instant Renzo Piano. Vous savez, j’ai fait cela toute ma vie. Pour Beaubourg, j’étais un gamin à l’époque, mais là aussi, il fallait faire un bâtiment capable de s’adapter dans le temps. Cela ne veut pas dire que vous enlevez du caractère.» La suite ? Le calendrier est désormais fixé : six mois pour conclure avec la maîtrise d’œuvre. Fin 2021, les hôpitaux de Paris disposeront du foncier, et pourront entamer la dépollution. La construction, elle, s’étalera entre 2024 et 2028.
(1) Formellement, c’est Renzo Piano Building Workshop qui est le mandataire, associé à Brunet Saunier Architecture, avec Ingérop, Sletec et Gerold Zimmerli.
Grand moment que ce dernier atelier de post-concertation organisé par l’AP-HP le 25 mars consacré au volet universitaire du projet.
http://campus-hopital-grandparis-nord.fr/projet-universitaire-de-recherche/
Le bal a été ouvert par la mairie de Saint-Ouen via son adjoint à l’enseignement supérieur, J-F. Clerc. Ce dernier nous a fait une belle démonstration d’une introduction pour ne rien dire avec les éléments de langage habituels de la municipalité : …. « Saint-Ouen, ville phare, sociale et culturelle ; aspiration à l’excellence quelque soit les origines sociales, territoire des savoirs et de la recherche, lutte contre les fortes inégalités, accéder à l’excellence pour des étudiants heureux, bien formés et bien logés »….après le pays de WIWI, celui de OUI-OUI ! Et pour nous convaincre de l’utilité du projet : « une université ouverte aux habitants, aux commerces, aux élèves » ….
C’était d’ailleurs l’objet de l’atelier que nous pouvions abonder en répondant aux questions parce que l’AP-HP veut recueillir nos idées
-Comment assurer l’ouverture de l’Université sur la ville ?
Bon, l’ap-hp reprend ce qu’elle fait dans d’autres universités parisiennes, celle des grands Moulins par exemple, exposer du patrimoine artistique contemporain et mettre à disposition d’associations sportives audoniennes quelques créneaux de son gymnase…..
-Comment connecter l’offre universitaire avec les établissements de 1er et 2nd degré ?
Mais oui, les étudiants seront dans nos écoles à la rentrée prochaine ( dixit M.Hirsch) pour promouvoir des métiers de la santé et tous nos élèves deviendront médecins, dentistes, infirmières, aide-soignantes, techniciens de surface ( excusez pour l’écriture non inclusive)…j’ai quand même fait remarquer que les élèves séquanodyonisiens perdaient une année scolaire dans leur parcours du fait de non-remplacement….et aussi que vouloir à tout prix qu’ils restent assigner à résidence et ne pas vouloir qu’ils parcourent le monde allait à l’encontre d’Erasmus, et de la compréhension de la complexité du monde…
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-Comment faire émerger des nouvelles offres de services ?
Là je sèche ! D’aucun parle de start-up…..
-Comment contribuer à la dynamisation du commerce local ?
Si le revenu universel se met en œuvre, nos étudiants pourront peut-être développer à Saint-Ouen d’autres commerces que ceux de la restauration rapide…..
Ne riez pas, ce sont les questions auxquelles des audoniens de bonne volonté ont tenté de répondre…personnellement j’ai fait des remarques mais aucune proposition tant la participation des habitants prend une forme grotesque.
La seule intervention qui m’a intéressée fut celle qui donnait des informations sur le logement étudiant en SSD . Le partage d’expérience d’E.Coblence, élu du 13ème arrondissement de Paris autour du campus des Grands Moulins ne m’a pas convaincue ( dynamisme du quartier…) si ce n’est d’apprendre que sur le site de l’université Paris VII : l’architecture industrielle a été préservée et mise en valeur…..
La coordonnatrice du volet universitaire a aussi indiqué « que le projet est pour et avec les acteurs du territoire » nous étions 60 inscrits dont les organisateurs !