Ah que je m’aime trop…
Le virus de la présidentialisation du pouvoir municipal se transmet à Saint-Ouen d’un Maire à l’autre. Avec toutefois des variants tout aussi préoccupants pour les habitants et la démocratie. Le journal de la ville, entre communication tapageuse et propagande outrancière, demeure hélas un bon baromètre de cette situation. Confessons-le, Karim Bouamrane avec « ma photo partout » bat à ce jour tous les records. S’il voulait démontrer que le pouvoir était confisqué au détriment du collectif, il ne pourrait mieux s’y prendre.
Même WD avait pas osé une 1ere de couverture comme celle-là…
Avec 12 noms de sociétés à la Une, un avant goût de Saint-Ouen sur Naming ?
Vous aurez noté M. JYM que dans la page 8 du “journal” municipal le petit encadré du Dossier parlant des entreprises (avec moulte photos de K. Bouamrane) : “Elles ont choisi Saint-Ouen”. Suit une liste d’entreprises nouvelles dont les premières, puis mélangées à d’autres qui sont là depuis des décennies. Mêmes quelques unes déjà présentes quand Fernand Lefort était Maire ! Décidément la com. ne fait pas on ménage avec l’information. Je naminguerais ça de “se moquer du monde”.
LU DANS LA GAZETTE DES COMMUNES
Un article publié le 8/03/202 de Dominique Sanchez ancien rédacteur en chef du « Journal de Saint-Denis » (de 1990 à 1994, puis de 2005 à 2017)… et par ailleurs ancien audonien.
Un service public de l’information sous la coupe du gouvernement, avec un ministre dédié pour suggérer, contrôler et censurer les contenus des médias. Cette réalité a existé en France jusqu’au début des années 60. Et a perduré, s’agissant des journaux de collectivités. Sauf à Saint-Denis (93) où, depuis 1992, le journal municipal bénéficiait d’une indépendance totale. Jusqu’en décembre dernier.
Un service public de l’information sous la coupe du gouvernement, avec un ministre dédié pour suggérer, contrôler et censurer les contenus des journaux télévisés ou radiophoniques. Cette réalité a existé en France jusqu’au début des années 60, avant que, dans la foulée de Mai 68, l’étau ne se desserre.
Cette chape de plomb, plusieurs fois racontée avec honnêteté par Alain Peyrefitte, ancien ministre du général de Gaulle, demeure une réalité sous des régimes autoritaires ou dictatoriaux, mais elle appartient désormais au passé dans notre pays. Enfin, presque…
L’information de proximité
Si l’on y regarde de plus près, si l’on se met au niveau de l’information de proximité des citoyens, celle que reçoivent les habitants des villes par l’entremise de leurs mairies, les années 60 sont toujours de mise. Quelle que soit la couleur politique des édiles, les boîtes aux lettres accueillent des magazines municipaux plus ou moins épais, plus ou moins glacés, mais qui ont tous une caractéristique commune : le maire n’est jamais surpris quand le nouveau numéro sort des presses, puisque le sommaire a été élaboré sous son contrôle, les articles ont été relus et corrigés une fois rédigés.
Jusqu’à la fin du mois de décembre 2020, il existait un « village gaulois » réfractaire à cette platitude communicante si peu démocratique, désireux de fournir aux habitants une information digne de leur intelligence.
En 1992, Saint-Denis – c’est de cette ville que l’on parle – a fait le buzz en changeant la périodicité du « Journal de Saint-Denis ». Le passage du mensuel à l’hebdomadaire a retenu l’attention, mais l’essentiel se trouvait dans le choix de le démunicipaliser pour en faire un authentique outil d’information locale, celui « de notre histoire collective », pour reprendre la formule d’un lecteur.
« Le Journal de Saint-Denis » a fonctionné comme un vrai journal. Il avait un comité de rédaction indépendant, ses locaux n’étaient pas en mairie, une association le gérait, les journalistes avaient une carte de presse… Un peu comme France Télévisions ou Radio France, finalement : l’audiovisuel public reçoit les fruits de la redevance et « Le Journal de Saint-Denis » touchait une subvention annuelle, votée par le conseil municipal. L’emploi de l’imparfait est de mise aujourd’hui : s’appuyant sur une crise interne réelle au sein de la rédaction ayant conduit à la démission du rédacteur en chef, le nouveau maire socialiste, Mathieu Hanotin, a annoncé la fin du versement de la subvention (le 17 décembre, ndlr)… et donc la mort du journal.
Attachés à ce poil à gratter
L’histoire locale retiendra, car c’est un fait, que c’est lui qui a mis un terme à cette expérience unique en France. Pourtant, mon vécu et l’honnêteté intellectuelle m’obligent à dire que l’existence de cet hebdo si particulier a perduré vingt-sept années parce que quatre édiles communistes successifs (Marcelin Berthelot, Patrick Braouezec, Didier Paillard et Laurent Russier) étaient attachés à ce poil à gratter.
Mais, autour d’eux, l’esprit ORTF rodait au sein des municipalités, des cabinets des maires et des services communication des villes. Au fond, pour que l’écrit municipal cesse d’être propagande, il va falloir que les citoyens en fassent une exigence. A Saint-Denis comme ailleurs.